Cognac, deuxième partie : le concert Lumière bleue et premiers coups de cymbales d' Henka Johanson (eh non, Lucas restera finalement backstage)...
C'est parti pour « Spécial ado Sms blues »!
Paul fait son entrée par la droite, suivi d'Hubert, ( ils portent encore les immondes chemises de l'Olympia! ) et c'est toujours la même sensation fugitive: un frisson qui me parcourt tout le corps et mes jambes qui peinent à me porter! Pour autant, pas question de m'écrouler maintenant: je filme!!! On s'est mis d'accord avec Arnaud : je prends quelques images du début, il enchaîne à partir de Lorelei.
Le début donc...
Comme souvent, les premiers instants donnent la mesure, la tonalité du concert: dès le refrain de Spécial ado, Paul et Hubert apparaissent au top, malgré le rhume qui oblige le second à se retourner fréquemment pour se moucher... Les problèmes de son ont été réglés et nos deux compères envoient!
Contrairement à l'olympia où j'avais trouvé Hubert nettement en-dessous de Personne ( et le fox à poils durs sait si mon manque d'objectivité me conduit à porter l'artiste aux nues!
) , il m'apparait cette fois atteindre les mêmes sommets.
L'équilibre est trouvé, Personne n'a plus à assurer pour Thiéfaine.
Sans doute une des conséquences du rhume et d'une abstinence forcée...
Franchement, la différence est perceptible! Plus de vacillements, plus de plantages ( si en fait, un seul, sur Lorelei), même pas besoin du prompteur! Hubert est présent, précis et solide dans les mots qu'il pose sur les notes de Paul, dans les gestes qu'il contrôle.
A la fois puissant, touchant, troublant quand son regard croise le nôtre.
Débarrassé de ses postures et de ses grimaces parfois pénibles, dont je ne sais jamais ce qu'elles masquent (le trac peut-être, sûrement...), mais qui m'avaient quelque peu dérangée à l'Olympia ( Hubert et son côté Bukowsky, comme on en avait conclu plus tard avec Lunar. On l'aime aussi pour cette fragilité, qui fait qu'on ne le lâche jamais quand il déraille, dérape et se vautre, le père Hubert... Néanmoins quand il se montre à la hauteur de Paulo, c'est tout de même plus gratifiant!
). Hubert très pro donc, respectueux pour ce public pas spécialement acquis et qui vient là par curiosité, en partie. L'attitude des spectateurs était une de mes appréhensions, bien vite estompée par l'accueil réservé à nos deux compères: attentif, observateur, le public entre petit à petit dans le concert et les applaudissements vont crescendo à chaque chanson.
Il faut dire qu'ils sont tous à leur meilleur niveau.
Virtuosité et modestie dans le jeu de Paul et d'Arnaud : la signature des grands...
Impression que le spectacle, après un tour de chauffe à l'olympia et dans l'est de la France, semble désormais bien rôdé, ce qui n'entame pas la complicité et l'amusement de gosse des deux amis. C'est cela qui est formidable : le professionnalisme allié à la spontanéité...
Le batteur quant à lui, se montre toujours aussi impressionnant dans son jeu. Je n'avais pas remarqué le son très particulier de sa batterie à l'olympia: quelque chose de caverneux et puissant, comme un cri qui viendrait d'on ne sait quelles profondeurs...
Epoustouflante intro à la batterie pour cette Lorelei version blues...
Il est vraiment inconcevable que cette reprise-là ne reste gravée que dans nos ( cartes) mémoires...
On n'est d'ailleurs pas les seuls à immortaliser les souvenirs: devinez qui arpente le devant de la scène avec les photographes : le grand David Starosta, qu'on espère bien chopper à la sortie!
Deux heures s'écoulent ainsi, avec une montée sensible de l'émotion, de l'adhésion...
Une alchimie inexplicable entre un public de hasard et deux bluesmen au sommet ...
Un moment de grâce, une parenthèse dans tout ce qui nous abîme.
Seul bémol : ne pas pouvoir partager ce concert avec vous, comme à l'olympia...
Moment de grâce aussi pour nos petits voisins qui n'ont pas quitté leurs sourires. Pas un instant ils n'ont cessé de chanter ( ces deux-là connaissent le répertoire d'Hubert par choeur!) et leurs yeux brillent comme si c'était Noël en plein mois de juillet!
Au final, on a quasiment la même playlist qu'à l'Olympia, à l'exception de « Photographie d'un rêveur » et « Cauchemar psychomoteur »
( Arnaud tu corriges si je me plante. « Embrasse-moi » a pu jouer sur ma mémoire et mes perceptions !
). Dommage, la première est une de mes préférées sur l'album, et la seconde détone sur scène! Il faut reconnaître toutefois que ce nombre de chansons était inespéré pour un concert gratuit, type festival...
Quand le groupe s'échappe après une présentation des musiciens qui permet à Arnaud Giroux de nous confirmer ses talents de bassiste ( plus longuement qu'à Paris..), le public entonne le « refrain » de « la fille du coupeur de joints »... Je sais que cela agace les puristes, pour ma part, j'y vois surtout un signe de connivence, de ralliement... Et je ne me prive pas pour donner de la voix!
En coulisse, des ombres se dessinent, éclairées par quelques cigarettes trop vite fumées, et je me surprends à voler quelques instants de complicité. Les musiciens semblent se sourire, le temps de furtives accolades. Lucas, qui n'a pas bougé du côté de la scène durant tout le concert, garde les yeux rivés sur papa, prêt à satisfaire sa moindre demande. Lui tend un mouchoir. Hubert a l'air bien gêné par ce rhume. Geste touchant de Francine, qui l'encourage en lui caressant la joue, avant qu'il ne bondisse à nouveau sur scène pour « Première fin de millénaire », « Les mouches bleues » et « Rock-autopsie ».
Impeccable sur toute la ligne. Plus rien qui ne trahisse la fatigue.
Point d'orgue sur les dernières paroles : c'est à se demander si les deux lascars ne vont pas décoller après nous avoir mis en orbite pendant près de deux heures...
Il est environ une heure du mat' quand les artistes quittent la scène, tout sourire, sous les applaudissements et les acclamations d'un public conquis. Quelques irréductibles continuent de chanter « la fille du coupeur de joints », malgré les lumières qui se rallument et le démontage entamé dans les deux minutes par Lucas ( ce garçon est d'une efficacité surprenante!
).
Curieusement, je ne pleure pas en cette fin de concert...
Peut-être l'intuition qu'une nouvelle partie de cache-cache va me permettre de prolonger la magie, de ne pas remballer prématurément mes rêves....
Epilogue demain...